Londres est une tapisserie de culture, d’histoire et d’innovation artistique, un cadre urbain aussi vibrant que les couleurs intenses que j’ai pu utiliser dans mon travail. En tant qu’artiste textile ayant passé la majeure partie de ma vie à travailler dans le confort de mon atelier, j’ai récemment décidé de m’aventurer dans les rues animées de Londres. J’y suis déjà allée auparavant, mais cela remonte à longtemps ! Et voilà que, soudainement, je me retrouve à la visiter non pas une, mais déjà deux fois cette année. Et je crois bien que ce n’est pas fini ! Londres a bouleversé ma perception de l’art, de l’esthétique et même le tissu de ma vie.
Je me souviens de l’anticipation alors que mon Eurostar s’arrêtait enfin à St Pancras. J’étais sur le point de redécouvrir une ville que je n’avais pas vue depuis au moins une décennie. Ce qui n’était au départ qu’un voyage pour rendre visite à mon frère s’est rapidement transformé en un périple d’inspiration et de découverte de soi.
En arpentant les rues et les méandres des petites allées londoniennes, j’ai été captivée par la richesse architecturale de la ville. L’élégance intemporelle de l’ère victorienne se mêlait à la modernité épurée des constructions contemporaines. Londres ressemblait à une sorte de patchwork urbain, où chaque pièce représentait une époque, une influence culturelle, une expression artistique différente. Ce mélange architectural m’a même amenée à envisager l’idée du mosaïcisme dans mon travail textile.
Je suis plutôt une personne de la nature, une âme de forêt. Et pourtant, j’ai trouvé une harmonie inattendue à Londres. L’art de cette ville ne se limite pas aux musées et aux galeries ; il est partout, dans les rues, les bâtiments, les marchés…
J’ai toujours considéré mon travail comme étant éloigné de l’esthétique urbaine ou moderne. J’avais peur que mes pièces complexes se perdent ou soient mal interprétées sur un fond de béton et d’acier. Mais Londres m’a prouvé le contraire. J’ai commencé à photographier mes œuvres dans des décors urbains, des murs recouverts de graffitis de Shoreditch aux pelouses impeccables de Hyde Park. À ma grande surprise, à mon grand étonnement même, mes créations ne se dissolvaient pas dans le paysage ; elles s’y intégraient et prenaient une nouvelle vie, de nouvelles significations, tout en s’imposant par elles-mêmes.
Le contraste était saisissant. Les qualités organiques et tactiles de mes textiles apportaient une bouffée d’air frais dans la jungle urbaine, créant un dialogue fascinant entre le naturel et le construit, l’ancien et le moderne, le doux et le dur. Ces photographies marquent une rupture radicale avec mon style de présentation habituel, et elles m’ont fait comprendre quelque chose d’essentiel : mon travail était bon. Non seulement dans l’isolement d’une galerie, dans le confort de mon atelier ou d’une maison, mais aussi dans ces paysages urbains inattendus et vibrants.
Londres, avec son charme éclectique et son dynamisme sans fin, m’a invitée à voir mon œuvre sous un tout nouvel angle. Elle m’a rappelé que l’art n’est pas limité aux murs d’un atelier ou à un cadre esthétique précis. Il peut exister et s’épanouir partout, du calme de la campagne à l’effervescence d’une métropole. Je ne m’attendais pas à ce regain d’énergie artistique, à ce désir ardent de créer, d’expérimenter et d’explorer encore plus loin.
Aude