Les processionnaires est une installation textile s’étendant sur 365 jours, composée de 12 actes et d’une représentation.
L’idée était de proposer au Musée de la Chartreuse un accrochage original dans la nef principale. Là où sont exposés les grands classiques de la sculpture française, j’ai proposé de suspendre à la passerelle traversant la nef 365 pièces, créées à raison d’une par jour. L’objectif était de montrer le temps qu’une femme peut consacrer au travail au cours d’une année.
Les pièces se trouvent suspendues au-dessus des visiteurs, à différentes hauteurs, et leur disposition en vague compose comme une vaste partition musicale. Chaque pièce est baguée d’une bande de cuivre avec son numéro et la date. Les pièces de chaque mois ont été teintées dans la même nuance de rouge.
Cette année de sculpture a constitué un véritable défi, tant dans l’exécution physique de cette entreprise que sur le plan conceptuel. J’ai entrepris de créer, sans faute, une nouvelle forme chaque jour, explorant de nouvelles topologies. Rétrospectivement, ce travail m’a permis de réaliser deux choses. La première est que mon médium, en apparence simple (fibres, ficelle, teinture), est extrêmement versatile. La seconde est que mes sculptures représentent une grande famille, où certains traits se transmettent de génération en génération, tandis que d’autres se perdent au cours de l’évolution. Parfois, je puise une idée plus ancienne et l’introduis dans la série en cours. D’autres fois, une série est bousculée par l’apparition d’une nouvelle forme, d’un nouvel élément, marquant le début d’une nouvelle famille de formes. Les scientifiques de mon entourage ne cessent de me rappeler combien cela leur évoque le processus d’évolution et de sélection darwinienne !